Alors que la galerie Magda Danysz vient de présenter le sculpteur chinois Wang Keping, c’est au tour de la galerie Zürcher de montrer ses oeuvres. L’UCCA de Pékin expose la première grande rétrospective de l’artiste en Chine. La «revanche» de Wang Keping.

 

wang keping

DSC08786

DSC08782

DSC08771

DSC08750

wang keping

Image 2

(Image ci-dessus, Wang Keping dans son exposition à Pékin, courtesy UCCA)

«Sculpter, c’est comme faire l’amour. Je n’ai besoin de personne pour m’aider», dit Wang Keping. Il est des oeuvres sensuelles et ennivrantes. Des oeuvres ondulantes et gracieuses. Inoubliables. Nourries de caresses, de douceur, de délicatesse. Et si la majeur partie des sculptures de Wang Keping dévoilent insassiablement depuis les années 1980 le corps féminin, c’est peut-être simplement pour encore mieux l’aimer, l’adorer, le toucher. Comme s’il fallait faire l’amour. Encore. Encore et toujours. Recommencer. Pour aller sur d’autres rives. Toujours plus loin. Telle apparaît l’oeuvre de Wang Keping, entrelacée de désir, grâciée par l’émerveillement, soulevée par la volupté.  La liberté. Assoiffée.

Et l’on comprend ce rêve fou qui anime sa sculpture comme les oeuvres de ses amis Ai Wei Wei et Ma Desheng. Car l’artiste revient de loin. De cette Chine opprimée par Mao. D’une éducation dans les champs, de la répression, de la censure. Son pays natal ne lui a rien donné. Au contraire. «J’ai vécu la répression sexuelle… A cette époque, nous n’avions jamais vu le corps d’une femme, pas même dans des livres ou dans des films, mais nous y pensions toujours. Lorsque j’ai intégré le groupe d’artiste «Les Etoiles», je voulais exprimer dans ma sculpture la beauté du corps des femmes, c’était aussi une forme de révolte. Je voulais dire que le corps n’est ni criminel ni immoral : il est amoral, naturel. Le nu, c’est l’art. Ce que j’ai fait, je l’ai fait par rébellion, pour m’opposer à leur ignorance», confie l’artiste.

La beauté de la femme comme révolte politique ! Quoi de plus exaltant et de plus libre ? Quoi de plus éternel aussi ? Wang Keping, au sourire si doux et malicieux, comme la majorité des artistes chinois de sa génération est autodidacte mais sa culture profonde. Depuis 1984, il vit et travaille à Paris. Il s’abreuve des oeuvres de Maillol, de Rodin et surtout de Brancusi, le maître absolu qui va à l’essentiel, à l’épure, et qu’il cite souvent. Ce magicien de la matière reconnu dans le monde entier n’aime pas revendiquer ses origines. Et pourtant. Il  se penche sur l’art chinois le plus ancien, comme celui de la dynastie Han qui prône l’idéal et l’harmonie. «Dans ma sculpture, je m’efforce de trouver ce qui est universel dans la forme primitive chinoise, et le plus je retourne en arrière, vers les origines de cet art, le plus je me rapproche de mon idée de l’art contemporain». A l’opposé de l’oeuvre sexuelle et rutilante d’un Jeff Koons, en cajolant le bois comme la femme,  il cherche les secrets de l’être comme Jaume Plensa, approche la sagesse comme Antoni Tapies. Imprégné par le zen et le bouddhisme, il n’a de cesse de répéter «La simplicité est mon idéal, la nature est ma complice».

Wang Keping ouvre les portes de son lieu de travail, de son entrepot, l’endroit dans son jardin où il scie le bois, celui ou plus tard, une fois la forme trouvée, accomplie, il la frotte au papier de verre puis la brûle, pour lui donner la plus naturelle des patines. Un peu plus loin se cache la cabane où il fait sécher le bois de deux à trois ans pour les grandes pièces et l’entrepôt où s’accumulent et s’amoncellent les oeuvres précieuses. Des établis posés dans son jardin forment chacun un atelier. Et les copeaux inondent le sol. Le matériel, reste prêt à la moindre intervention ou apparaît bien rangé, en attente. A chaque fois, il explique sa démarche. D’abord trouver le tronc de l’arbre, le couper, le déshabiller de son écorce. Enfin, approcher ses courbes naturelles et les suivre. Ne jamais s’imposer surtout. Mais regarder, toucher, respecter. Et comme le souligne avec justesse Bertrand Lorquin, conservateur du musée Maillol de Paris, « Extraire les formes de la nature débouche sur un art de la sculpture qui réunit la forme et le contenu, l’idée et l’objet. Cette démarche ne pouvait venir que d’une culture de l’idéogramme, qui est à la fois peinture et sens, geste et pensée».

L’artiste dégage depuis des années des corps. Têtes, bras, sexe, seins, au début de son oeuvre, très marqués, ils se simplifient de plus en plus. Bientôt les yeux et les bouches disparaissent. Ne restent que les sphères merveilleuses et rondes de la femme. Les seins lourds et de plus en plus proéminents. Les seins presque comme unique sujet de la sculpture. Maternels, protecteurs,  érotiques, tellement rêvés… toujours symboles de sa révolte ou devenu recherche absolue ? En tous les cas, Wang Keping invente ainsi une nouvelle et immense sculpture d’aujourd’hui que l’UCCA de Pékin révèle enfin en une cinquantaine d’oeuvres. L’ancien dissident prend ainsi enfin sa “revanche”.

Wang Keping, UCCA, Ullens Center for Contemporary Art. Du 27/09/13 au 05/01/14.

Wang Keping, “Sculptures”, Galerie Zürcher, 56, rue Chapon, 75003. Du 02/10 au 21/12/13.

(Images ouvretesyeux)

Traduction chinoise, ouvretesyeux

王克平的报复

 中国艺术家王克平近期刚结束在马格达 唐妮斯的巴黎画廊展出他的一系列雕塑作品,就又马不停蹄地辗转到北京UCCA,举行他在此的首次个人回顾展。可,他称此次展览为“报复之举”。   艺术家的别样 “报复”!

“ ‘雕塑’  于我是与生俱来,无师自通的,我也不需要假他人之手,一如性爱 ”  王克平如是说。   那一尊尊的雕塑,有的表现了一览无遗的男欢女爱,有的是撩拨人心的,婀娜而丰姿绰约的,女性的美好胴体。作品里洋溢着温情与柔美。令人过目不忘,而整个创作过程,无论多复杂,时间多长,他也从不向时下所流行的,找个助手帮助。     而自1980年开始,’ 女性胴体’  就是王克平创作的主题。也许只是喜爱,热爱,或是一次次的触摸使他迷恋。如同心荡神怡的性爱,一次,再次,如此有始无终,如此缠绵不休。。。是什么使他的作品交织,激荡着如此令人惊叹的,热烈的欲望?  ——是对无拘无束的  ‘自由’  的强烈的渴求!!

王克平来自遥远的他乡异国-中国。那个人们还生活在压迫中,知识青年需要上山下乡,知识份子得劳动改造,蹲牛棚,或被批斗,一切经典都被否定,一切美好都需摧毁的,处处是迫害与非难的毛泽东时代的中国。  彼时,他的祖国不曾给予他任何,除了折磨。   “我生活在一个压抑的时代,包括性的压抑。那时,我们从不曾见过赤裸的女性的胴体。即使在书里,或电影里。可就算这样也阻止不了我们的遐想。。。   故而,当“北京之春” 终于到来,我毫不犹豫地加入了由同道者创办的,含星星之火也可以燎原之意的 “星星画会”  。  从此,我开始用雕塑刀展现美丽的,女性的胴体。这也算是一种反抗。我想表达的是展露人的躯体,既不犯罪,也不反道德。    ‘ 裸露的人体 ‘    充满了艺术之美。 ”  “我是用这样的形式来反抗,用此来反击他们的无知。”    艺术家再次表白。

用无拘无束地展现女人之美为手段,来达到反击政治压迫的目的!           还有什么比这更令人兴奋,更自由?   又有什么比这更永久  ,更传统?!

无师自通的王克平除了是智慧的,当然还有深厚的文化积淀。 从1984年始,他生活与工作在巴黎,经年累月,他从巨匠们的作品里吸收精华:马约尔,罗丹,尤其是布朗库西。“真正的大师只抓重点”他一次次地说。     这个而今名扬四海的,如魔术师般的雕刻艺术家却不愿人们过多注意他的中国背景 。“我是华人艺术家,而不是中国的艺术家。”  他再次声明。    无论怎样,他携带着属于中国的文化基因,得到道家与佛家思想的浸润,受到中国传统文化的滋养这些都在他的作品里显露无遗。“ 简单与天然,是我的追求。”    王克平一再强调。   而他也在汉代雕刻艺术里吸取养料。清代著名画家 ‘ 八大山人 ‘ 朱耷的画风,也对王克平的艺术创作有不可忽视的影响。 “是的,我创作时,常常会经意不经意地想到八大山人朱耷的作品 。”

而王克平的工作室,分明洋溢着道家的气息,极简单,极质朴。参观完他的库房,及他工作的花园。他又展示与说明了整个创作程序。 “观察木材的形状,然后给它加热,让它呈现出似天然的,被岁月洗礼过的,铜锈般的颜色。”  艺术家解释着   “ 当然,首先是选择心仪的树干,再切锯,把树皮做些必要的处理。但在真正创作之前,我会花很多时间,仔细地观察,温柔地抚摸,欣赏并感受大自然的天然雕琢。在创作时,尽最大限度的尊重与遵循大自然的鬼斧神工。也正如巴黎马约尔美术馆馆长Bertrand Lorquin 所说 ‘ 雕塑艺术首先就是先尊重与保留大自然的创作,最大限度的尊重已有的形状,然后,再把艺术家的点子与想表达的内容放进作品里。也许这种艺术形式更适合使用象形文字的文化。这种文字本身就形,意结合.’ ”

多年以来,王克平专注于人体的创作。开始时,头,手臂,性器,乳房。。。全在作品里。不久,艺术家开始做减法。很快眼睛和嘴消失了。而今我们看到的更多的是浑圆而丰满的女性胴体。那丰硕的乳房也越发的夺人眼球。  乳房,几乎成了他雕塑的主题。或许,它象征母性,保护者,爱欲。。。也或许最初用以象征抗争,冲破禁锢的特殊符号,渐渐地使王克平成了此种雕塑的大成者。  无论怎样,这是属于王克平的创新。    近期,在北京的UCCA王克平正在展出他的五十多件雕塑作品。Anne Kerner.

(Images de l’exposition de Wang Keping à Pékin, courtesy UCCA)

Communiqué de presse de l’UCCA à Pékin

Radical ‘Stars’ artist Wang Keping exploded onto the Chinese art scene in the late 1970s as the leader of a contemporary art group. He now returns to Beijing to present the largest exhibition of his work ever shown in the country to date.

The Ullens Center for Contemporary Art is proud to present “Wang Keping” an exhibition of more than 50 works by one of China’s first contemporary sculptors. The show contains sculptures from various moments in the artist’s 35-year career and covers a wide range of different subjects and themes.

Wang Keping (b. 1949, Beijing) is an artist of near-monomaniacal dedication to his chosen medium: wood. Wang’s artworks range in size from 30 cm to several meters tall, variously evoking grotesque deformity, sensual beauty, and sublime abstraction. The artist’s seemingly anachronistic, lyrical sculpture cuts an intriguing figure in an art world dominated by increasingly complex and reflexive systems of meaning and signification. His works are evocative of Constantin Brâncusi’s Modernist explorations, Han Dynasty funereal figures, and African fertility sculptures, though their warped formal abstractions and embrace of eroticism place them squarely into a class of their own.

Wang Keping started out making political sculpture as part of the charged environment of late 1970s Beijing. After moving to France in 1984, he shifted to a more naturalistic way of working. The artist’s work can be roughly divided into five thematic categories—men, women, birds, couples, and pure forms—into which they are grouped for the UCCA exhibition.

Wang Keping’s practice evinces a patience beyond that of virtually any artist practicing today. To prepare the wood for his sculptures, he will let logs sit for months, sometimes years, allowing the innate features and fissures of the material to grow and deepen until they take on their own distinctive, biologically-determined shapes. Wang’s decades of woodworking experience allows him some measure of foresight into how the wood will splinter, though every piece contains an element of chance. For each sculpture, Wang blends his aesthetic perspective with the form determined by the wood itself, a quasi-Modernist Michelangelo living in the age of contemporary art. As Wang has said, “The wood tells me something, gives me an idea. Each tree is like a human body: there is flesh and there is bone; there are tender parts, hard parts, solid parts, and fragile parts. You cannot go against its nature but must follow it.”

The artist is remarkably consistent, even to the point of defiance. Wang Keping’s defiant streak first emerged in the late 1970s, as a founding member of one of China’s first experimental art groups, The Stars. Alongside fellow members Huang Rui, Ma Desheng, and Ai Weiwei, Wang fervently championed artistic freedom in China. Though he has lived abroad for nearly 30 years, his defiant streak persists, now articulated as aesthetic rather than political rebellion: He is an outspoken critic of the French art establishment and of the contemporary art scene as a whole, insistent that his sculptural practice is a more honest and sincere artistic expression than those which blindly follow new trends.

Wang Keping also bucks the current trend of delegating artistic production to studio assistants, completing his sculptures entirely on his own. As the artist has put it, “Making a sculpture is like making love to a woman. No one can do it for you, nor would I want others to take my place.”  From the initial collection of the wood, to the carving, firing, burnishing, and glazing of each piece, Wang exerts total control over his artworks, a craftsman of obsessive dedication.

Despite distancing himself from the mainstream art establishment, the artist sees no contradiction between his style and the spirit of contemporary art. Of his work, Wang has said, “In my sculpture, I strive to find that which is universal in primitive Chinese form, and the further back I go to the origins of this art, the closer I am to my idea of contemporary art.”