Sergio Larrain s’est éteint l’an passé, à 81 ans, dans sa résidence de son pays natal, le Chili, dans une recherche mystique et profonde. Auparavant, pendant une partie brève de sa vie, cet ami de Pablo Néruda a enchanté le monde avec ses photos d’une beauté, d’une simplicité, d’une rigueur et d’une philosophie absolue. Les rencontres d’Arles ont offert une rétrospective magistrale reprise différemment sur deux étages à la fondation Henri Cartier-Bresson.  Grégoria Larrain, la fille de Sergio Larrain et Agnès Sire nous présentent ce photographe hors du commun dans une interview exclusive pour la plus belle de nos découvertes des Rencontres d’Arles 2013.

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Fils d’une très grande famille chilienne, d’une culture immense, le jeune Sergio Larrain n’aimait ni les mondainités ni ses apanages. S’il cherche sa voie dans des études d’ingénieur consacrées à la nature, celles-ci ne lui conviennent pas non plus. On entretient la légende qu’il fait la plonge pour s’offrir un Leica. Et l’aventure s’enchaine. Nourri par tant de figures magistrales de l’art ancien et moderne, Sergio Larrain a le regard juste, fort et fragile à la fois. Il sait où il veut regarder et ne regardera que cela. Les enfants des rues de Santiago, les rues et les bars de Valpareso, les paysages de Patagonie…  Son maître Cartier-Bresson se penche sur son épaule. Et voilà Sergio Larrain qui cadre et recadre, centre et décentre jusqu’à la perfection, jusqu’à ce que la photographie soit aussi juste à l’endroit qu’à l’envers. Dans cette mise en forme quasi cubiste et géométrique, il saisit l’homme, le regard, le geste, les cailloux… Il regarde la simplicité au ras du sol. A 35 ans, les reportages pour Magnum le lasse car les commandes ne lui conviennent pas. Sergio Larrain a décidé d’être libre pour toujours. Et il se retire. Tout au nord du Chili, près du désert d’Atacama. Là où rien ne peut désormais l’atteindre. Seul le courrier lent que le monde entier lui adresse. Peu importe. Il se concentre en lui-même. La philosophie, le bouddhisme, l’harmonie, le yoga, la méditation deviennent sa nourriture. Jusqu’à ses 81 ans, l’an passé. Une oeuvre et bien plus, une vie à retenir aujourd’hui. Agnès Sire et Grégoria Larrain ont attendu et préparé ces expositions depuis des années. L’émotion est donc grande alors que se concrétise enfin ces manifestations. Pour le visiteur ce fut l’état de grâce en Arles alors que Paris offre une représentation plus technique de cette oeuvre. Anne Kerner.

Une monographie très importante est publiée par les éditions Xavier Barral.
Extrait du texte de Agnès Sire, commissaire de l’exposition

Sergio Larrain, “Vagabondages”, Fondation Henri Cartier-Bresson, 2, impasse Lebouis, 75014 Paris. Du 11/09 au 22/12/13.

(Images, Sergio Larrain, © Sergio Larrain/Magnum Photos)