Philippe Dagen le traite de « dandy conceptuel ». Frédéric Lecomte est à coup sur un merveilleux funambule toujours sur le fil du rasoir entre le sens et le non sens. « Cela doit tenir autant de mon physique que de ma manière de faire les choses ». Essayer de ne pas tomber. Rester absolument sur la corde. Alors que pourtant rien n’est jamais sûr, que « tout peut aller à vau-l’eau ». Tel est sûrement le but ultime de cette œuvre protéiforme qui aime frôler le danger. Adepte de la récupération et fanatique d’archéologie, Frédéric Lecomte traverse donc l’univers de l’art tout azimut pour donner à voir des dessins, des installations, des vidéos, des sculptures… « Du dessin à la machine, il n’y a pas de hiérarchie. Une machine dessine dans l’espace comme le geste s’inscrit dans le temps », explique l’artiste dans son salon-atelier-pièce à tout créer où se mélangent dans un joyeux imbroglio ses œuvres en partance pour la galerie, ses ordinateurs et autres instruments à fabriquer des rêves ! Ce manipulateur un peu fou dévoile ainsi au Salon de véritables morceaux de poésie. Un dessin découpé méticuleusement dans le papier accroche entre ses fils des corps de femmes nues en lévitation. A ses côtés, le résultat magique de la projection en un seul geste de pigment noir sur une boule de papier. En face, une jeune femme se regarde dans un miroir, lèvre contre lèvre… Une branche se dépose délicatement sur un dessin de feuilles encadré. La préoccupation de Frédéric Lecomte ? Un mouvement qui s’épure de plus en plus, cherche l’essentiel, en quête du moment de grâce. Et ce n’est pas cette dernière, loin de là, qui lui fait défaut. Anne Kerner.
Galerie Claudine Papillon, 13, rue Chapon, 75003 Paris. 33 1 40 29 07 20.