A une heure de Paris, Chamarande demeure un lieu unique et rare. Dans le château, le jardin, la véranda, partout l’art a sa place et en profite joyeusement. Cet été, l’exposition “Habiter” envahit ce lieu extraordinaire où le café et les pelouses attendent le visiteur pour le repos ou le pique nique.
Départ pour l’Essonne et le Domaine de Chamarande. A l’arrivée, le regard porté sur le portail ouvert, la foret et le château au loin, promet plis qu’une belle échappée. Une journée quasi féerique qui peut se faire 365 jours par an ! Car ici, culture rime avec plaisir et gratuité. Pas moins de 98 hectares, soit le plus grand paysage public de l’Essone, réunit un espace labellisé « jardin remarquable », une centre artistique et culturel dont s’était merveilleusement occupé Dominique Marchès en son temps. Et nous voilà en train de parcourir les immenses pièces du château du XVIIè siècle investis par des artistes d’aujourd’hui qui se plaisent à utiliser les sols, les plafond, mais aussi à investir le mobilier quel qu’il soit ! On se souvient encore du jeu labyrinthique de couleurs dans l’escalier de Damien Cabanne et de la sculpture gonflable toute rose posées sur l’étang d’Anne Ferrer. A Chamarande, les installations ont toujours coupé le souffle ! Et c’est justement ce vent nouveau où l’audace, la convivialité, la nappe étendue sur la pelouse, les barques rouges qui vous attendent le long des embarquadères, les danseurs et les musiciens intervenant le dimanche dans ce parcours unique, créer un « lieu où vivre autrement ». Pour plus que jamais s’initier encore et toujours à « la culture en partage ». C’est pourquoi le Domaine départemental s’inscrit dans une politique fondée sur le pari de l’intelligence et du plaisir. D’autant plus avec l’exceptionnelle exposition « Habiter » où le tout Chamarande s’investit. Que l’on commence la visite par le jardin ou le château, la découverte reste inoubliable. « Habiter » ? C’est passer la nuit dans les constructions de Florence Doléac et David de Taschner. C’est vivre l’expérience de Florent Albinet qui vous emmène sur une structure flottante dans un voyage sur soi. Et pourquoi pas expérimenter avec Laurent Tixador le retour de l’homme à l’état naturel ? « Habiter » ? Voyager, plonger, s’ébahir, s’éblouir. Par l’atmosphère vaporeuse d’un ancien fumoir recréer par Charlotte Charbonnel dans la salle à manger des chasses. Par l’étrange fête foraine organisée par Pierre Ardouvin dans le salon blanc. Par l’espèce de folie de Botto E Bruno dans la grande galerie recréant des façades d’immeubles, des corps d’adolescents, des chocs urbains qui se poursuit par l’installation « Merci Louisette » de Jean-François Fourtou composée d’un amoncellement dingue de meubles légués par sa tante à l’artiste et d’où s’envolent des insectes géants et translucides ! On repart du domaine, bercé par une douce folie… (A lire le numéro d’été de Paris Capitale)
Domaine de Chamarande, Habiter, jusqu’au 01/11/15.
(Images, de haut en bas, Le Domaine de Chamarande, courtesy Henri Perrot; Espaces Sonores; Groupe Unber Humber, courtesy Christophe Gibelin; Les Bains, Chamarande, Bruit du frigo, courtesy Laurence Godart; J.F.Fourtou, courtesy Stéphane Aboudaram; Charlotte Charbonne, courtesy Fréderic Halna)