« Je n’ai pas eu besoin de modèle pour ma peinture, le sens du péché est mon maître », déclare Carol Rama.
Cette artiste autodidacte née à Turin en 1918, d’une mère internée en hopital psychiatrique alors qu’elle n’avait que 15 ans, tandis que son père, fabriquant de bicyclettes se suicide alors qu’elle n’a que 22 ans sera toute sa vie hantée par des oeuvres “érotiques et visérales”. Lourde et terrible enfance donc pour cette jeune italienne dont les aquarelles ont vite été censurées dans les années trente. Si elle a trouvé son propre langage plastique en se tournant vers l’univers organique où elle dialogue tout en finesse avec Duchamp, Bunuel, Welles, Warhol, la Cicciolina et Jeff Koons… Elle est enfin reconnue depuis les années 2000 ! L’artiste qui arrive sur ses cent ans, ne travaille pratiquement que dans l’obscurité, toutes les fenêtres de l’atelier étant aveuglée par des rideaux noirs. Elle déploie au Musée d’Art Moderne toute sa passion pour cette « image-matière » qu’elle invente surtout à partir de caoutchouc. Ephémère reconnaissance avec le Lion d’or de la Biennale de Venise en 2003, présentée à nouveau en 2013, son travail crée loin des collectifs et de modes, mais en compagnie des plus grandes intellectuels revisite toutes les conventions. Carol Rama, derrière l’obscurentisme d’un certain art contemporain a pourtant tout inventé. Le “Sensurréalisme” ou le “porno-brut” ! Car elle peint le corps et ne sait que cela. La chair et le sexe qui flottent et s’épanchent dans ses si chères aquarelles. L’oeuvre d’une artiste libre, totalement libre, excessivement libre, penchée sur les tabous et les thèmes universels de la folie, du fétichisme, du plaisir ou de la mort. Et c’est dans la liberté, elle l’a compris, qu’il faut surtout être excessif. Depuis 2005, depuis 10 ans, Carol Rama, les mains et les visages transparents, est entrée “en perte de conscience”, allongée dans son lit, dans son appartement de Turin qu’elle n’a jamais quitté.. Qui connaîtra jamais ses secrets ?
Musée d’art moderne de la ville de Paris, 11, avenue du Président Wilson, 75016 Paris. Tél : 01 53 67 40 .00.
Du 3 avril au 12 juillet.
(Copyright à venir)