Erwin Wurm adore les métamorphoses et les jeux. Il montre et démontre sans cesse dans son oeuvre que l’art, c’est peut-être tout simplement la libération des objets de leur quotidien. Bien loin de leur sens commun.
« J’avais gardé jusqu’alors, séparées par une paroi étanche, les problématiques de l’art et de la vie. C’est alors que j’ai brisé cette frontière. J’ai également donné une place et une valeur à ce que l’on rejette ou ce que l’on cache habituellement : le ridicule, l’échec. Le jeu possède à mon sens une grande force, un vrai pouvoir de subversion. L’humour et le jeu permettent vraiment de soulever beaucoup de questions, de faire passer beaucoup de choses sans se montrer blessant ou doctrinaire. » Erwin Wurm résume ici parfaitement son art. Grand intellectuel, il a étudié aussi bien l’histoire de l’art, les théories de l’art, les langues, la littérature et devient vite professeur de sculpture aux Beaux Arts de Paris. Ses premiers travaux s’inspirent de l’art minimal et conceptuel à la recherche d’une nouvelle définition de la sculpture. A 35 ans, il présente ses première oeuvres, ses “Dust pieces”, d’incroyables pull-over fixés aux murs. Et de la poussière. Et encore des vitrines vides reflétant l’absence de corps. Pour toujours mieux se rapprocher de l’intime. Si à la mort de ses parents il introduit la notion de « temps » dans son oeuvre, il invente ses “One Minute Sculptures” en 1997 puis transforme désormais des objets banals en sculptures, les libérant totalement de leur contexte quotidien et familier. Il ose même introduire la photographie pour mieux livrer la notion du temps. On peut découvrir ainsi à la galerie Ropac une sorte de nuage traversant une lampe ou des objets totalement blancs en polyester comme un canapé ou une bouteille bien malmenés par l’artiste. Une extraordinaire oeuvre sur l’absurde. Dona Gray.
Galerie Thaddaeus Ropac, 7, rue Debelleyme, 75003. Tél : 01 42 72 99 00. Jusqu’au 5 mars.