Avec son installation “Sous le plus grand chapiteau du monde”, l’artiste de renomée internationale Claude Lévêque s’installe sous la pyramide du Louvre. Une oeuvre monumentale et incandescente qui reste aux dimensions de l’artiste. Emotionnelle et sensitive. En attendant l’interview vidéo, quelques images de son oeuvre.
Claude Lévêque, pull noir et veste militaire à son image, arrive sous la pyramide du Louvre. Dense et généreux comme son oeuvre. Sorte d’hybridation incroyable d’Hercule, d’Aladin et de Robin des Bois, sorti droit de notre urbanité et ses turbulences avec lesquelles il ne cesse du surfer. «Pour mon intervention sous la pyramide, j’ai très vite trouvé une solution. Je vais intervenir ensuite dans toute la partie médiévale en 2015. C’est amusant d’être en opposition dans la partie d’origine du Louvre et ensuite dans son emblème contemporain qu’est la pyramide de Pei». Et comme à son habitude, l’artiste repère et observe. Sollicite. «Pour mon projet, j’ai presque visité comme un étudiant toutes les galeries, la Renaissance, l’Antiquité, l’Egypte, les Pays Nordiques… Je suis souvent venu le dimanche pour m’imprégner et prendre des notes». Asocial ? Peut-être ! Cultivé ? Absolument ! Avec lui, on a l’habitude de l’altitude. Perte d’équilibre. Glissements. Trouble. Volupté et douceur. Et le crash, bien sûr. Surtout le crash ! A la Biennale de Lyon en 2007, le voilà qui dévoile l’escarpin géant de Barbie sur l’air de la Valse de l’empereur alors qu’à la galerie Kamel Mennour en 2011, il invente une oeuvre au noir plutôt menaçante. Pour Claude Lévêque tout est bon pour nous faire réagir et le Louvre aussi ! Peu intéressé par l’art monumental, il s’adapte.
A.K. : Comment s’est construit ce projet au musée du Louvre ?
Claude Lévêque : Je m’étais déterminé pour exposer dans le Louvre Médiéval pour une manifestation qui aura lieu à l’automne 2015. Puis l’on m’a également demandé d’intervenir auparavant sous la pyramide du Louvre. C’est un lieu très difficile, très compliqué, mais c’est aussi toute la modernité du Louvre qui fait écho à la cour. C’est amusant d’être en opposition en intervenant à la fois dans le château féodal et dans l’emblème même du Louvre contemporain qu’est la pyramide de Ieoh Ming Pei.
A.K. : Que représente pour vous le musée du Louvre ?
CL. L. : Le patrimoine d’aujourd’hui a son importance dans l’ensemble de l’évolution de l’art. Je pense que les artistes contemporains sont très ouverts à tout ce qui existe dans les collections du Louvre, ce qui apparaît indispensable pour avoir des points de repères pour sa propre création. Pour mon projet, j’ai presque visité le musée comme un étudiant. J’ai parcouru toutes les galeries, l’antiquité, l’Egypte, la Renaissance des pays nordiques… Je suis venu très souvent le dimanche pour m’en imprégner, prendre beaucoup de notes, élaborer le projet.
A.K. : Mais encore ?
CL. L. : Je suis allé au musée du Louvre avec mes parents quand j’étais petit. J’avais les mêmes goûts que ma maman. Je me rends compte que je suis comme elle un inconditionnel de Chardin. Je viens toujours très souvent au Louvre. Je préfère même sa visite à une séance de cinéma ! Je suis de toute façon un grand utilisateur de musée. C’est mon paysage à Paris.
A.K. : Comment vous êtes-vous adapté à l’espace sous la pyramide ?
CL. L. : Ce qui est rigolo, c’est que sous la pyramide, on est totalement exposé. C’est l’entrée du musée du Louvre, c’est le lieu où se croisent toutes les nationalités du monde. Il y a les transparences. Il y a les extérieurs autour… J’ai donc élaboré un projet qui a une dynamique intérieur-extérieur. Je ne suis pas spécialisé dans un certain type d’espaces. Par exemple, fin mai, j’interviens dans une unité d’habitation de Le Corbusier à la Cité Radieuse de Marseille. Je réhabilite des oeuvres des années 90 et d’autres plus récentes dans un appartement où vivent des gens. Là, nous sommes au coeur de l’intimité puisque les visites se feront sur rendez-vous chez l’habitant. Dans ce cas, mon travail est perçu par rapport à la vie quotidienne. Donc, au même moment, mon oeuvre sera exposée dans deux situations inverses et cela m’intéresse beaucoup ! Après, je ne m’attache pas spécialement à l’art monumental. Mon oeuvre consiste plus en des sensations que je peux mettre en place un peu partout. Et cela ne me pose donc pas de problème particulier d’intervenir sous la pyramide du Louvre.
A.K. : Comment intervenez-vous justement ?
CL. L. : J’interviens avec de la lumière et du néon. J’ai apprécié le travail sur le rapport extérieur-intérieur dans un lieu de grand brassage du public. Au départ ce lieu me faisait peur. C’est un endroit d’énorme passage avec beaucoup de bruit. Le contraire de l’intimité. Et puis c’est très difficile d’intervenir avec des contraintes comme le socle de la pyramide, la hauteur de 22 mètres, la perte d’échelle… Par contre, dès lors que j’ai trouvé l’idée, j’ai eu le sentiment de maîtriser ce que j’allais faire. Il va s’agir d’un néon, d’une sorte d’incandescence qui commencera au pied de la colonne jusqu’à la cible. Il va foudroyer les dessous de la pyramide. Cette oeuvre aura également son impact la nuit car elle est surtout visuelle avec de la lumière. Le projet sera vu alors dans toute son amplitude, dans sa vrai résonance… qui doit s’apprécier entre chien et loup.
A.K. : Que présenterez-vous en automne 2015 ?
CL. L. : L’oeuvre présentée dans la pyramide se révéle comme une sorte de préliminaire. Ce que je vais installer dans la partie médiévale du Louvre n’a rien à voir avec ce projet. C’est également un lieu très étrange avec une circulation autour des remparts et les fossés autour du donjon. On entre dans un univers plus onirique. Je vais développer quelque chose sur les objets, le matériau, la lumière. Il n’y aura pas de son car les lieux sont trop bruyants. Le son ne vient d’ailleurs pas illustrer un propos dans mes oeuvres mais il fait partie des éléments de perception dans la globalité de ce que je représente.
A.K. : Exposer au Louvre représente un challenge ?
CL. : L. : Non. Ce n’est pas un challenge ni un exploit. Je ne veux pas rentrer dans l’événementiel. Cela fait tout simplement partie de la continuité de mon travail. Cette oeuvre s’inscrit dans ce que j’explore, les lieux, le rapport au visiteur, au passant, qu’il reste deux secondes ou qu’il s’attarde une demi heure. C’est ce qui importe dans mon langage. Même si le musée du Louvre reste un lieu inédit et complexe, je reste attaché à mon vocabulaire. Seulement, il prend ici une forme particulière dont on retrouvera l’écho dans les collections du Louvre médiéval à l’automne 2015. (Interview parue dans Edgar mai 2014)
Traduction du texte en chinois
霓虹彩带或彩虹? --法国艺术家克莱德.莱维柯在卢浮宫金字塔上的艺术之作
艺术家来到卢浮宫玻璃金字塔下,黑毛衣,军外套,简单而庄重。而酷爱户外运动,热爱水上滑翔,拥有健硕体魄的克莱德.莱维柯却又让人情不自禁的联想到阿拉丁,罗宾汉或某位大力士的混合体。“卢浮宫邀请我来金字塔里做艺术展,尽管我的艺术表现手法与卢浮宫原有的风格或与有当代建筑艺术标杆性人物贝铭大师的玻璃金字塔的风格都如此迥异。但我还是很快就有了自己的点子。” 艺术家侃侃而谈。“今年的这个时候,我在此做一个相对小型的艺术展。2015年,卢浮宫的整个中世纪展区都将展出我的作品。在卢浮宫办个人展于我是件非常有趣的事,您知道,我与他们如此不同。在创作前,我一如青葱的学子,一个又一个星期天,我把自己浸泡在一个又一个与古埃及,文艺复兴或北欧艺术相关的画廊里观察,揣摩,思索,做笔记。在巨匠的不朽之作里吸收养料,得到滋养。”
广泛在世界各地展出的法国艺术家克莱德.莱维柯,在七十年代,属于当时的’巴黎年轻时尚族’ ,生活之于当年的他,就是一场无止尽的狂欢派对。 ‘离经叛道’ ? 也许吧。学养丰富,却是肯定的。丰富而与众不同的他,不仅使您大开眼界,且似乎能把您带到一个令人眩晕,站立不稳的高度。在创作中,莱维柯总是深刻处理与呈现作品和空间的关系。且透过声音,色彩及光或气味与音乐,建构牵动感官的环境和氛围。让观赏者视,听等感官进入不稳定,有时近乎失序的状态。这种具有高度张力的状态使人同时充满期待,紧张和想象的复杂感受。
在2007年里昂的双年展中,艺术家以巨型高跟鞋搭配刺目的,鲜艳的霓虹灯和着不着调的维也纳华尔兹音乐登场。场景被渲染得分外迷离,似乎安着心要把观赏者带着坠入温柔乡里。可是一阵颤栗,观赏者又从恍惚中清醒过来,猛然间觉悟到,这一切似乎是一个粉色的陷阱,整个环境,整件作品分明绰绰的影射着一个与芭比娃娃同名的纳粹军人的影子,于是人们又是一阵激灵……
而2011年,艺术家又创作了一件令人印象极为深刻的全黑的,以至于给人强烈压迫感的作品。 掺和着粉红色的梦幻与黑色的冷酷,这就是我们的艺术家克莱德.莱维柯的艺术风格!
而这个四月他为人们呈上的盛宴是缠绕在卢浮宫玻璃金字塔上的,在夜空中熠熠夺目的霓虹似的彩带。 当然您也可以把它看作彩虹! Nancy Chiarelli .何璀璨.
Traduction de l’interview en chinois
继Loris Gréaud, Tony Gragg 与 Wim Delvoye 之后,国际知名的法国艺术家克罗德.莱维柯在这个春意闹的曼妙四月首次在卢浮宫的玻璃金字塔内展出他的最新作品。这次展览恰似为他将在2015年在卢浮宫中世纪展区的个人展热身。
Anne: 您怎样构建这个在卢浮宫展出的作品?
Claude:当我决定2015秋季在卢浮宫中世纪展区举办个人展之后,他们又邀请我这个四月在玻璃金字塔做一次展览,就好像似在为来年的展览做预热。在这个区域做展览是一件复杂而困难的事,但同时又是非常有趣的。这里有两个封建城堡,也有贝聿铭的被视为当代艺术的代表作的玻璃金字塔。
Anne:卢浮宫博物馆对您意味着什么?
Claude:它不仅是一份珍贵的文化遗产,同时,在艺术的进化上也起了不可或缺的重要作用。当代艺术家们或多或少的都被卢浮宫里收集的这些大师,巨匠们的作品滋养过。就我个人来说,在我开始创作这些作品前,曾像一个学子似的,访遍了所有收集了古埃及,北欧的文艺复兴 时期的作品的博物馆,画廊。不知多少个星期天,我浸泡其中,观察,记录,期待被启发……
Anne: 更多的呢?
Claude: 我从小就跟着父母去卢浮宫。我与我的母亲有着相同的品味。与她一样,我也无条件的喜欢夏尔丹。我是卢浮宫的常客,它对我的吸引力超过了电影院。它是我最爱的那道巴黎风景。
Anne:您怎样让您的作品与玻璃金字塔调和成趣?
Claude: 金字塔处在卢浮宫博物馆的入口处,是一片完全暴露的空间,世界各国慕名而来的参观者在这里交汇。这是一片透明的所在。塔的内外在视界上并没有分明的区隔…..故而,我就创作了这个更动态化的作品。 我并不是一个特定类型的艺术家,对展览的环境也无特殊的要求。比如,五月底,我将在马赛的Le Corbusier à le Cité Radieuse 的一套公寓里开办个人展。在这个生活区里,我将展出我的一些九十年代及最近的作品。这是一个别具一格的展览,此次艺术展完全融于大众生活,因为它在一套还有人居住的公寓里开办,所有的观赏者必须先与公寓的主人预约。这种情况下,作品就与人们的日常生活紧密相连。 因此,在同一时刻,我的作品将在两个全然不同的场景里展出,这让我兴趣盎然! 之后,我不一定总让我的作品与建筑艺术相联系。我的作品从感觉上来说,它们适合差不多任何地方展出,因而也适合卢浮宫。
Anne: 您究竟是怎样工作的?
Claude: 这件作品由霓虹灯与灯光组成。来卢浮宫展出,我曾有过最初的迟疑。因为这儿人来人往,太嘈杂,完全无半点私密性。再说,金字塔有22米高…
但是,自从我有了点子,就觉得完全在掌控中。我用霓虹来创作,以此辉映人间四月的明媚。
Anne: 2015 秋的展览将会是怎样的?
Claude:这次在金字塔的展览像是明年秋天在卢浮宫博物馆中世纪区域个展的预展。但是,明秋的展览与这次的风格迥异。依然在一个奇特的地方。周围尽是循环的沟渠与地牢的城墙。当我们进入,就像走入了一个梦幻世界。我的作品会用一些重量轻的材质,依然会用到灯光,但是不会有音效,因为那里已很嘈杂。声音不来自我的作品,却会融进我的作品。
Anne:在卢浮宫的展出对您会是挑战吗?
Claude: 不,它既不是挑战也不是什么成就。这并不是我刻意去寻求的特殊事件。它只是我工作的一部分。展出的作品,观者,种种的场景都将过去。当然,我的作品,我的风格,我的艺术语言,及这场将在2015年的秋季里的展览,兴许会在卢浮宫中世纪展区留下些许的回音。
Claude Lévêque, «Sous le plus grand chapiteau du monde», Pyramide du Louvre.
A partir du 2 avril.
(Images @ et courtesy Claude lévêque)