L’exposition collective Le temps des lucioles, sur le mode d’un recueil de contes, parle d’univers intimes et de mondes imaginaires, habités à la fois par la nostalgie de l’enfance, les réminiscences du passé et par le merveilleux. Des visions et des interprétations poétiques du monde et du réel, affleurant dans l’ensemble des oeuvres réunies, constituent le fil rouge de l’exposition. À commencer par Sarah Moon avec une de ses merveilleuses adaptations des contes d’Andersen, l’Effraie inspiré du Petit soldat de plomb, jamais encore présenté à Paris. Ses partis pris esthétiques si particuliers inventent un univers unique où on retrouve ici la grâce et la poésie aussi bien que les peurs et les cauchemars de l’enfance. Bogdan Konopka avec des images intemporelles d’un présent revisité et sublimé, comme figé sous une cloche de verre, recrée un monde d’une ineffable et mortelle beauté, comme il aime le définir. Un monde où dans des lieux abandonnés, ou dans les lieux du quotidien, dans une lumière qui a souvent quelque chose de mystique, partout en Pologne, en France ou en Chine, les absences sont très présentes. Les petites machines et les cabanes de Laurent Millet, apparaissent des pures constructions poétiques. Fragiles, éphémère, leur existence est confiée à des bouts de matériaux pauvres, dont elles sont faites ; suspendues contre l’horizon, posées dans l’eau, leur nature est indéfinissable, drôles de jouets, insectes inconnus… Mais ces objets qui rappellent les mobiles ou les cabanes des enfants, photographiés sur fond de paysages souvent un peu sombres et patinés par le recours au calotype pratiqué par Millet, inspirent aussi une certaine inquiétude comme des vestiges de notre temps, ruines d’un monde futur. Robert Cahen depuis les années 1970 explore les possibilités créatives de la vidéo et ses capacités à exprimer l’invisible, à greffer les rêves sur le réel, à mixer ou plutôt à amplifier toutes les écritures artistiques, la musique, la littérature, la photographie, dans des courts récits, tantôt absolument abstraits tantôt répondant davantage aux codes documentaires. Ici, une installation et plusieurs projections constituent une entrée dans son univers complexe. Dolls, une de ses plus récentes séries, est une sorte de métaphore où Gladys semble évoquer la tendresse d’un univers enfantin effacée par les tensions du monde adulte, toujours avec un style d’une naïveté raffinée, qui caractérise tout son travail. Enfin une série d’images présentées grâce à un prêt de la Collection Fnac, ponctue l’ensemble : les paysages inventés, d’une beauté à désorienter de Didier Massard, une nouvelle Alice au Pays des raves de Caroline Hayer, une série sur l’inquiétante métamorphose du quotidien de Patrick Taberna et enfin Les âmes du Purgatoire, de Salvatore Puglia surgies de ses travaux sur l’histoire autant, matière et support de réflexion de ses interventions artistiques.
Laura Serani
Hôtel de Sauroy, 58 rue Charlot, 75 003 Paris, Tél. : 01 40 29 01 86. Jusqu’au 01/12/12.
Photos courtesy des artistes, images du diaporama Ouvretesyeux Marie Dalmasso