« La matière, le geste, l’action », reste le titre incontournable du livre de Margit Rowell qui se consacre à la peinture gestuelle française et à l’action painting américain. Ces trois mots caractérisent aussi toute la recherche de l’artiste anglais né en 1970, Jason Martin. Dans ses œuvres ultra-contemporaines, les problématiques de la peinture gestuelle occidentale se retrouvent. De Tal Coat à Soulages, Jason Martin joue avec ses brosses comme un virtuose du troisième millénaire, tantôt d’une douceur extrême, tantôt d’une rapidité fulgurante. Et le mouvement, ce mouvement si cher également aux peintres chinois, à un Wang Wei ou un Shitao, devient le thème même de ses œuvres. Ici, par contre, pas de papier ou de toile. Jason Martin ne peint que sur de l’aluminium qui donne à ses œuvres une lumière unique. Naissent des images d’une très grande beauté où la surface métallique, les pinceaux faits sur mesure et les couleurs monochromes proches d’un Yves Klein, livrent un univers sculpté par la brosse où apparaissent des mers emportées, la chevelure enchantée d’une Raiponce de Grimm, comme bien sûr le geste pur de l’artiste qui vient du plus profond de son être. Cet amoureux fou de la matière révèle également des oeuvres où la peinture déborde du cadre pour ne plus livrer que la substance dans toute sa pureté.
“Jason Martin, Elemental”, galerie Thaddaeus Ropac, MirabellPlatz 2, 5020, Salzburg. 43 662 881 393. Jusqu’au 24/03/12.
Images Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris/Salzburg et pour les vues d’installation, le crédit photo : Ulrich GhezziVoir également Jean-Marc Bustamante à la galerie parisienne.